Déclaration sur les élections fédérales 2025: Appel à un débat des chefs sur la politique de défense et la sécurité nationale

Le Canada a besoin d’un débat télévisé national sur l’état des Forces armées canadiennes et sur les questions de politique étrangère et de sécurité nationale.

L’Institut de la CAD salue les récentes annonces faites par le chef de l’opposition et les quatre candidats à la course à la direction du Parti libéral concernant leur engagement à atteindre plus rapidement l’objectif de 2% du PIB fixé par l’OTAN pour les dépenses en défense et d’avoir proposé des politiques et des stratégies originales pour y parvenir. À notre avis, l’objectif de 2 % ne doit pas être considéré comme un but en soi, mais plutôt comme un résultat logique et attendu si le Canada poursuit une stratégie visant à combler les multiples lacunes en matière de capacités auxquelles il est actuellement confronté et à faire en sorte que les forces armées canadiennes disposent des effectifs, de la rémunération, de l’équipement et de l’entraînement appropriés pour répondre à ses obligations nationales et à celles de l’alliance.

Au cours des derniers cycles électoraux, les partis avaient pris peu d’engagements en matière de sécurité nationale, de politique étrangère et de défense, et n’en ont débattu que de façon minimale. Le postulat erroné selon lequel le public canadien ne se préoccupe pas de ces questions a conduit les politiciens à éviter d’en discuter, créant ainsi une prophétie autoréalisatrice qui a relégué la sécurité nationale au second plan et a progressivement érodé cet aspect essentiel de l’État canadien.

Les menaces qui pèsent sur la souveraineté du Canada et sur l’ordre international fondé sur des règles n’ont pas disparu, mais se sont aggravées au cours de cette période, à mesure que l’environnement sécuritaire mondial se détériorait.

La guerre non provoquée de la Russie contre l’Ukraine et l’annexion illégale de son territoire, l’expansion de la violence au Moyen-Orient et la guerre hybride incessante de la Chine sont les manifestations les plus visibles de la trajectoire dangereuse des événements mondiaux. Cependant, d’autres caractéristiques de cette instabilité croissante, bien que moins visibles, sont peut-être encore plus inquiétantes : le stockage accéléré d’armes nucléaires en Chine et sa belligérance et ses menaces croissantes à l’encontre d’un Taïwan démocratique et des nations plus petites de la région, une série de coups d’État en Afrique et des problèmes de sécurité humaine plus importants dans de nombreuses parties du monde, tels que la sécheresse, les mauvaises récoltes, les migrations massives , la pauvreté et la violence causées par le changement climatique, ainsi que l’augmentation directement corrélée à ce phénomène pour ce qui est de la navigabilité et de la projection de puissance par des adversaires stratégiques dans les eaux arctiques.

L’urgence d’agir devant ces menaces est d’autant plus évidente que de nombreuses plates-formes des forces armées canadiennes sont en voie d’épuisement et que le personnel militaire canadien manque d’environ 17 000 personnes.

Atteindre l’objectif de 2 % du PIB fixé par l’OTAN pour les dépenses en défense ne consiste pas seulement à partager le fardeau de défendre l’alliance, mais c’est aussi le minimum que le Canada doit faire afin d’assurer la sécurité de la nation et de ses intérêts nationaux. En tant que pays, nous devons comprendre et faire valoir les avantages économiques et la nécessité sociétale de:

  1. Disposer d’une flotte navale robuste composée de sous-marins, de navires de combat de surface et d’autres bâtiments capables de surveiller et de protéger les trois côtes du Canada et de participer à des missions expéditionnaires alliées ;
  2. Disposer d’une force aérienne capable de participer simultanément aux opérations de l’OTAN et du NORAD ;
  3. Disposer d’une armée bien équipée, avec des effectifs suffisants et entrainés pour être prêts à remplir toutes missions requises par le gouvernement, y compris celle d’agir en dernier recours, lorsque les urgences et les catastrophes dépassent les capacités des autorités civiles
  4. Disposer de capacités de haute technologie pour défendre le Canada dans l’espace, le cyberespace et le domaine de l’information ;
  5. Construire et maintenir l’infrastructure nécessaire pour assurer la préparation et le succès des forces armées canadiennes à tout moment ; et
  6. Favoriser une base industrielle de défense dynamique et innovante au Canada, soutenue par une politique industrielle.
  7. Assurer que les membres des FAC et leurs familles ont tout le support qu’ils ont besoin.

Le consensus croissant entre la plupart des partis politiques au Canada sur le fait que notre pays doit faire plus en matière de défense est un premier pas essentiel dans la bonne direction. Nous remarquons également les nombreuses idées et visions différentes qui circulent au sein de ce consensus plus large afin d’améliorer l’approche du Canada en matière de sécurité et de défense nationales.

  • Le Bloc Québécois a déjà plaidé en faveur d’une centralisation des achats militaires sous l’autorité unique du ministre de la Défense afin d’assurer une plus grande responsabilisation et transparence.
  • La porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de défense, Lyndsay Mathyssen, a récemment déclaré : “Les néo-démocrates continueront à se battre pour obtenir des investissements renouvelés et ambitieux dans l’équipement adéquat, les conditions de travail, le logement et la garde d’enfants, afin que les membres des Forces armées canadiennes bénéficient du soutien qu’ils méritent”.
  • Dans sa récente déclaration sur la sécurité dans l’Arctique, le chef du parti conservateur, Pierre Poilievre, a proposé de créer une base militaire permanente à Iqaluit, de doubler la force des Rangers à 4 000 membres et d’acheter deux brise-glaces polaires supplémentaires, qui viendraient s’ajouter aux deux brise-glaces déjà commandés par la Garde côtière canadienne.
  • Les candidats à la chefferie du Parti libéral Mark Carney et Chrystia Freeland ont recommandé, respectivement, de rapatrier une plus grande capacité industrielle de défense à l’intérieur de nos frontières, et d’augmenter la taille des FAC et les salaires de ses membres.

Toutes ces propositions ont beaucoup de potentiel et méritent d’être évaluées et comparées de manière critique afin que les Canadiens et Canadiennes soient bien informés de leur faisabilité, des délais et de leur impact.

C’est pourquoi l’Institut de la CAD invite tous les chefs de parti à participer à un débat télévisé que nous proposons d’organiser au cours de la prochaine période électorale. Les règles d’engagement seraient déterminées à l’avance en coopération avec les partis.

Nous nous réjouissons de pouvoir contribuer de manière significative à l’amélioration de la qualité du discours publique sur la défense et la sécurité nationale du Canada à ce moment critique de l’histoire de notre pays.

***

La Conférence des associations de défense

La Conférence des associations de défense (CAD) a été fondée en 1932 et sert aujourd’hui de groupe de coordination pour 45 associations membres qui représentent plus de 400 000 membres actifs et retraités des Forces armées canadiennes. La CAD est un connecteur dans la communauté de la défense et de la sécurité qui offre influence et visibilité aux associations membres en vue d’un engagement national, ainsi qu’une plaque tournante où les Canadiens intéressés par les questions de sécurité et de défense peuvent converger pour des événements, des recherches et des analyses, ainsi que des opportunités d’emploi de mentorat.

L’Institut de la CAD

En 1987, la CAD a fondé l’Institut de la Conférence des associations de défense (Institut de la CAD), le groupe de réflexion sur la défense du Canada, une organisation caritative enregistrée non partisane dont la mission est de favoriser un débat éclairé sur les questions de sécurité nationale, en particulier celles qui ont trait à la défense nationale et aux Forces armées canadiennes. L’Institut de la CAD sert de forum pour un débat public éclairé sur les politiques de sécurité et de défense nationales, favorisant la compréhension de l’importance de ces politiques pour la sécurité et la prospérité du Canada.

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